BEIJI, Irak (AP) - Les enquêteurs militaires qui ont ouvert une enquête sur le meurtre d'une famille irakienne, précédé du viol d'une jeune femme, estiment que les cinq soldats américains soupçonnés auraient prémédité leur attaque, a annoncé samedi un militaire proche de l'enquête.
Le cadavre de la jeune femme violée a été brûlé par un liquide inflammable, semble-t-il pour dissimuler le crime. Selon lui, l'attaque était "totalement préméditée", et les soldats "les avaient étudiés depuis une semaine".
En mars dernier, cette famille sunnite venait de s'installer à Mahmoudiya, 30 km au sud de Bagdad, en pleine zone insurrectionnelle. Les soldats sont entrés, ont séparé les trois hommes de la jeune femme, qu'ils ont violée avant de mettre le feu à son corps puis de tuer les autres membres de la famille.
L'ouverture d'une enquête par les forces américaines a été annoncée vendredi, et concernerait cinq soldats d'un régiment d'infanterie. Quatre sont encore dans l'armée, et ont été placés aux arrêts dans une base américaine. S'ils sont reconnus coupables de meurtre avec préméditation, ils risquent la peine capitale au regard de la loi militaire américaine.
La mort de deux autres soldats de la même patrouille, dont les corps mutilés ont été retrouvés le 19 juin, trois jours après leur enlèvement, a réveillé des sentiments de culpabilité: du coup, un des soldats du groupe, sous le choc, aurait révélé cette attaque meurtrière contre la famille irakienne, le 22 juin, à laquelle il n'avait pas participé mais dont il avait entendu parler. La police irakienne avait déjà fait état de témoignages de civils selon lesquels cette famille avait été tuée par des soldats américains.
Selon un responsable militaire s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, l'un des membres assassinés de la famille serait un enfant. Un autre soldat a lui avoué avoir entendu parler de cette attaque avant qu'elle n'ait lieu.
Cette affaire est l'un des plus graves concernant des soldats américains impliqués dans la mort de civils irakiens, susceptible de déclencher une nouvelle vague de haine anti-américaine, notamment en raison du viol d'une femme. Au moins 14 membres des forces américaines ont été inculpés à ce jour, dont sept Marines et un responsable médical de la marine, inculpés de meurtre avec préméditation pour la mort d'un Irakien près de Falloujah
L'enquête se poursuit par ailleurs sur le massacre d'Haditha, où d'autres Marines sont soupçonnés d'avoir tué au moins 24 civils le 19 novembre dernier, en représailles après la mort d'un des leurs dans un attentat. AP